Erreurs de jeunesse

Tellement commode, madame, de reprocher,
Toutes vos fautes, maladresses et pêchés,
À une erreur de jeunesse autre que la votre,
À l’innocence et l’inexpérience d’une autre.

Tellement facile, madame, d’imputer,
La lourdeur de l’ennui longtemps ignorée,
Aux belles jambes d’une étrangère aimée,
Au manque de rides sur son visage gêné.

Tellement tentant, madame, de trouver,
Des coupables pour vos rêves envolés,
Dans les yeux de celle qui vous trouble,
Dans le mots de celle qui vous double.

Tellement pratique, madame, de blâmer,
L’autre pour les erreurs qu’on veut cacher,
L’autre pour les fautes qu’on veut nier,
L’autre pour la vie qu’on a gâché.

Tellement simple, madame, de déclarer,
La guerre à celle qui ose rêver,
Pourtant, jeune, vous avez été,
Et des vœux, vous en avez faits.

Tellement aisé, madame, de rejeter,
Le fardeau des regrets mal dissimulés,
Sur les épaules d’une autre gâtée,
Masquant toutes vos blessures cachées.

Tellement osé, madame, de juger,
L’autre pour une première complicité,
Vous qui n’avez pas su préserver,
L’innocence pour la robe de mariée.

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